Témoignages



Témoignage 1

Témoignage d’Ostad Elahi, fils de Hadj Nemat

Mon père était très intransigeant pour tout ce qui touchait au respect d’autrui. Il a d’ailleurs apporté beaucoup de soin à mon éducation morale. Je me souviens qu’un jour où il m’avait réprimandé, une femme d’un certain âge qui travaillait chez nous m’a gentiment demandé : « Mon petit, qu’as-tu fait pour que ton père...? » Mais je l’ai rabrouée avant qu’elle ne finisse sa phrase et elle n’a plus rien dit. Un peu plus tard, mon père m’a fait dire que même s’il pardonnait ma première faute, il ne le ferait pas pour la deuxième, qui était d’avoir fait de la peine à cette femme, tant que je ne me serais pas racheté et que je n’aurais pas obtenu qu’elle me pardonne.

Je me souviens d’une autre fois où, en compagnie de quelques notables, le gouverneur de la région est venu rendre visite à mon père. Un grand nombre de personnes attendaient, sous un soleil de plomb, et l’on a installé le petit groupe à l’ombre, sous un abri dressé à son attention. Lorsque mon père est arrivé, il a aussitôt demandé pourquoi les notables étaient à l’ombre alors qu’il n’y avait aucune différence entre eux et ceux qui se tenaient sous le soleil. Et il a ordonné que l’on retire l’abri, ce qui a été fait avec tant d’empressement que celui-ci s’est écroulé sur les notables. Mais mon père ne s’est pas excusé, bien au contraire, il les a sermonnés : « Comment avez-vous pu accepter d’être assis à l’ombre quand les autres étaient en plein soleil ? En quoi êtes-vous différents ? Ne sommes-nous pas tous faits de chair et de sang ? ».